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Dominique Lin

Dominique Lin

Écrivain - chroniqueur - Ateliers d'écriture


Des noces rêvées ne meurent pas, Jean-Pierre Cannet, éd. La Renverse

Publié par Dominique Lin sur 9 Février 2017, 19:50pm

Catégories : #Chroniques livres

Dans ma dernière chronique, je disais que « Le rôle d’un écrivain, c’est de prendre des risques, de s’appuyer sur des codes littéraires pour les enfreindre… » Je pensais pas si bien dire sans encore connaître Jean-Pierre cannet !
Lui, il réinvente l’écriture, le sens de l’image. Il entre en littérature par la porte de la poésie, du burlesque, du naïf, à la frontière du rêve, de l'enfantin… Il met en scène des personnages et des situations dont on se demande où il a bien pu aller les pêcher.
L’histoire ? Chapital, qui vient de perdre Rose-Monde, est accueilli par un curé de village qui l’héberge dans la sacristie. Homme à tout faire bien bâti, il est adopté par les habitants, surtout parce qu’il rend bien des services. Mais ce que personne ne sait, c’est qu’en secret, Chapital élève un lion. La nuit quand tout le monde dort, il le sort dans l’église et lui apprend des trucs. Au matin, il est obligé de tout aérer pour que cela ne sente pas le fauve. Puis Chapital s’en va, et l’aventure commence, faite de rencontres, de projets fous. Un jour, il n’y a plus de cloches dans les églises, Chapital va monter une chorale pour chanter les cloches lors des cérémonies religieuses, etc. La suite se déroule au gré de la fantaisie de l'auteur…


C’est autant l’histoire belle, tendre, un peu folle, douce, etc. qui m’a séduit, que les mots de Jean-Pierre Cannet, leur agencement, leur rythme et leur sonorité. L’auteur réinvente les descriptions des paysages, des personnages et des situations. Il choisit des mots d’une façon si douce et poétique, tout en nous surprenant par leur assemblage, qu’on ne peut être qu’envoûté par ce livre, court et immense à la fois.
L’ayant déjà conseillé à des lecteurs, je n’ai que de très bons retours qui me confirment, s’il le fallait, que c’est un livre excellent !
Que dire encore ce texte — ce serait superfétatoire —, si ce n’est que je vous conseille de ne pas le commencer tardivement, car il est fort possible que vous n’en décrochiez pas avant le point final !

Un mot sur les éditions la Renverse. J’ai rencontré Franck Achard sur un Salon du livre et nous avons parlé de sa ligne éditoriale, tournée en premier vers la poésie. Il commence à sortir des romans, assez courts pour l’instant. Pour lui, il faut que les textes aient de la tenue, autant dans le fond, le sens et la forme. L’apparence de ses livres montre qu’il prend un très grand soin à ses parutions puisque les couvertures sont imprimées sur un papier de création brillant (papier Gmund Value 310 grammes). Comme on peut lire sur le site : « Avec leurs couvertures brillantes et leur coupe en biseau au pied, nos ouvrages se démarquent de l’édition poétique traditionnelle et viennent physiquement à la rencontre du lecteur, à la renverse. »
Pour me convaincre de m’intéresser à Des noces rêvées ne meurent pas, il lui a suffi de me lire les premiers mots que je vous livre ici :
« Une femme qui s’est perdue, vous ne l’auriez pas vue ?
Il a croisé le forestier sans l’arrêter et ils ont continué, chacun de son côté.
Quand il criait pour qu’elle revienne, c’était un peu comme si Rosemonde lui répondait avec l’écho. Il ne se sent plus la force de crier. La terre est déchirée autour des monts. E ciel échappe aux branches.
Elle ne lui apparaît plus.
La nuit creuse son trou dans la mousse, il s’y blottit. Il oublie de manger. Le professeur de Paris est devenu un homme des bois. Ça fait des jours qu’il marche au hasard. »
Et c’est parti pour une centaine de pages que vous relirez certainement très rapidement après cette première lecture.

Résumé de l’éditeur :
On se souvient l’avoir vu descendre des friches la première fois, hagard et crevant la faim. Le curé n’est pas près de l’oublier ; Chapital lui avait dit : c’est Rose-Monde. Et de Rose-Monde on ne sait toujours rien. On ne saura peut-être jamais. Cette femme-là c’est le ciel ou l’enfer, ou les deux à la fois ? (…) Deux yeux brillent au fond d’une cage. Irrésistiblement Chapital s’en approche. La petite bête est toute jeune, pas plus grosse qu’un chat, sans doute à peine sevrée. Ce sont ses yeux, ils ont le dessin, la couleur surtout… » L’écriture déroutante de Jean-Pierre Cannet tisse des paysages chaotiques, poursuit des itinéraires intimes au carrefour des lumières : des vies fragiles et vibrantes témoignent ici d’une humanité qui se cherche et claque au vent comme la voilure d’un bateau. L’envie de vivre domine, la nécessité de partir en amour, et les destins se croisent pour mieux s’éclairer mutuellement. Un roman vibrant de poésie.


Parution le 15 février… à ne pas rater.

Disponible à la librairie Elan Sud à Orange.
104 pages ; 20 x 13 cm ; relié
ISBN 979-10-94726-12-9
Prix : 17 €

Chronique précédente : Une autre saison comme le printemps, Pierre Pelot, chez Héloïse d'Ormesson

 

#La_Renverse #poésie #roman #littérature # #Jean-Pierre_Cannet

Non, vous ne rêvez pas, les livres de La Renverse sont en biseau, pour mieux ressortir en rayon…

Non, vous ne rêvez pas, les livres de La Renverse sont en biseau, pour mieux ressortir en rayon…

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