Nous sommes le 26 août 2014.
70 ans, jour pour jour, la ville où j’habite était libérée, comme tant d’autres, dont Paris, qui reprenaient possession de leur identité.
Mes pensées ne vont pas à l’Histoire, celle qui défile dans les livres noircis par des spécialistes patentés, mais elles vont aux hommes qui ont vécu ces moments. J’en ai côtoyé pendant plusieurs années lors de l’élaboration du livre de témoignages en Vaucluse. Ils m’ont beaucoup appris sur les comportements, les actions et réactions des hommes durant une période anormale, inacceptable, inadmissible, inexcusable, injustifiable.
Certaines personnes me disent : « Moi, si j’avais vécu à cette époque, j’aurais… » Non, nous ne savons pas. Nous nous imaginons en héros, en Résistant, en sauveur de la France… mais nous n’en savons rien.
Simplement aujourd’hui, je souhaitais rappeler l’engagement de tous ces Résistants, « actifs ou passifs », hommes, femmes, enfants. Ils se sont engagés, officiellement ou non, ont combattu, parfois avec de maigres moyens, la faim et la peur au ventre et ils ont réussi.
Beaucoup sont partis. Il en reste quelques-uns.
Cette journée du 26 août est certainement gravée à jamais dans le cœur de ceux qui l’ont vécue. On ne connaîtra jamais leur joie, leur liesse, leurs larmes de bonheur en ces instants. On ne peut qu’essayer d’imaginer…
Merci, messieurs, pour ce que vous avez accompli !
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Orange, 26 août 1944, c’était hier. Après un périple d’une dizaine de jours, nous arrivions très fiers à Orange que les dernières troupes d’occupation venaient de quitter et que les premiers éléments de reconnaissance de l’armée alliée commençaient à traverser.
Nous n’étions pas des héros, nous ramenions tous nos camarades combattants sans uniforme et nous pouvions les installer dans la caserne désertée de la garde mobile. Quand, avec nos armes hétéroclites, les brassards FFI au bras, nous sommes rentrés sur des camions et des voitures tous modèles, la population orangeoise acclamait ses enfants retrouvés. Si nous n’avions pas de chocolat et de cigarettes à distribuer, nous étions joyeusement fêtés par la foule en liesse et la Marseillaise galvaudée pendant 4 ans sortait en cris de joie dé toutes les poitrines.
Texte de Pierre Estève, Résistant résidant à Orange.
Extrait de « 39-45 en Vaucluse », paru chez Elan Sud, collection Mémoires.
Tous les détails et les premières pages en ligne en cliquant : ici
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