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Dominique Lin

Dominique Lin

Écrivain - chroniqueur - Ateliers d'écriture


OÜM, une chorégraphie à ne pas manquer

Publié par Dominique Lin sur 23 Février 2020, 15:38pm

Catégories : #Chroniques livres

Photo Charlotte Audureau

Une fois n'est pas coutume, je vais vous parler d'un spectacle de danse…

Petite digression révélatrice.
Hier soir, le 22 février, un groupe d’amis avait décidé d’offrir une soirée à l’une d’entre nous pour fêter ses… ans.
Rendez-vous avait été donné rue des teinturiers à Avignon devant le théâtre Benoît XII dans le plus grand secret. Depuis un rayon d’une centaine de kilomètres, une quinzaine de proches sont venus, arborant chacun un âge allant de 10 à 75 ans, issus du monde de l’enfance, de l’édition, de l’écriture, du théâtre, mais surtout de l’amitié.
Et c’est tous ensemble que nous sommes allés assister au spectacle Oüm, de la compagnie Massala, dernière représentation des Hivernales d’Avignon.

Alors, cette chorégraphie ?
Cela commence par un chant, dans cette belle langue qu’est l’arabe, à moins que ce ne soit du persan. Certes, je ne la comprends pas, mais les voix, accompagnées d’un oud et d’une guitare électrique, me transportent dans une douceur et une rêverie propices à recevoir ce à quoi je ne m’attends pas, dont je n’ai aucune idée. C’est après, en lisant le résumé, que j’apprends l’origine de ces textes (voir plus bas).

Puis commencent les pas, les postures, les gestuelles. 6 danseurs, 2 femmes et 4 hommes, glissent sur la scène, passent d’un tableau à un autre dans un ensemble autant collectif qu’individuel. C’est souple, beau, félin, mais aussi étrange. J’ai l’impression d’être en voyage, assis sur mon siège au 3e rang, et qu’un monde défile devant moi. Mettre des mots sur ce que je ressens est impossible. Même si la langue, le oud et les percussions m’évoquent le Maghreb, la guitare électrique et la rythmique enregistrée agrandissent le décor sonore. Je passe de la mystique soufi à monde futuriste, en passant par une sorte de jungle, de danse amoureuse à… je ne sais plus quoi, tant le voyage est immense, et mon esprit dégagé de toute pensée concrète. À l'image de certaines scènes, comme celle d'un couple dans une transe émotionnelle, mon esprit est au bord du déséquilibre, laissant place à la beauté de l'inattendu; la tension de certains pas est aussi légère que la plume qui s'envole. La salle est pleine, les 400 spectateurs retiennent leur souffle à l'unisson.

Photo Charlotte Audureau

Je n’ai pas la culture de la danse, je n’en possède ni les codes ni les mots, et je dois avouer qu’en termes de spectacles contemporains, je suis souvent démuni, étanche, voire repoussé.
Mais avec Oüm, on ne peut qu’être hypnotisé par cette proposition artistique dont le seul fond de décor repose sur un rideau de longs fils blancs derrière lequel se balancent de temps en temps une ou plusieurs lampes. Pas d’artifice, pas d’effets spéciaux, juste des corps qui se meuvent, s’assemblent et se complètent, se séparent en duos, en solos, sans coupures ni ruptures. L’espace entier de la scène est occupé, rempli ; elle aurait pu être deux fois plus grande, ces 6 magiciens du corps en auraient autant tiré profit.

75 minutes (je crois) ont filé hors du temps, et le dernier tableau annonçant à regret la fin nous a laissés immédiatement comme orphelins de ce qui venait de se passer. Encore, nous en voulions encore !
Le public ne s’y est pas trompé, et le quart d’heure d’ovation était bien mérité.

Un bravo aussi immense que le merci aux danseurs et musiciens, au chorégraphe de talent et aux techniciens.
Je pourrais ainsi partager longtemps mon bonheur d’avoir assisté à une telle beauté, mais c’est inutile, les mots doivent s’arrêter pour simplement inviter qui le peut à surveiller la tournée de cette troupe et courir assister à ce spectacle !

Retour sur la digression
Comme je l’ai dit pour commencer, nous étions une quinzaine de personnes « éloignées » par 65 ans d’écart, et pourtant unies par l’amitié et l’amour du beau. En sortant, force était de constater que tous nous avions été conquis, chacun avec ses mots voulait prolonger l’état dans lequel nous avions été transportés. Des mots d’enfants, d’artistes, de professionnels, de spectateurs, tous unanimes.
Un grand merci à tous ceux qui ont permis que cela se produise.


COMPAGNIE MASSALA => site

Chorégraphe Fouad Boussouf
Assistant chorégraphe Sami Blond
Avec Nadim Bahsoun, Sami Blond, Mathieu Bord, Loïc Elice, Filipa Correia Lescuyer, Mwendwa Marchand
Composition musicale Mohanad Aljaramani (oud, percussion, chant), Lucien Zerrad (guitare, oud)
Arrangements sonores Marion Castor et Lucien Zerrad - Dramaturgie Mona El Yafi - Scénographie Raymond Sarti - Costumes Anaïs Heureaux - Lumière Fabrice Sarcy

Très présentes dans le paysage sonore de son enfance, les chansons d’Oum Kalthoum l’accompagnent partout. Cette voix, cette émotion poétique et musicale, ces sentiments – des plus intériorisés aux plus exacerbés – lui deviennent familiers.
En s’intéressant plus tard au sens de ses textes, il découvre les Quatrains d’Omar Khayyam, poète persan du 11e siècle. Véritable ode au présent, ce poème puise sa force dans le rapport au plaisir, à la délectation, à l’exaltation et à l‘amour.

Ces sentiments et états s’imposent alors comme la source de cette nouvelle création. Sur le plateau, et notamment grâce à la musique live, les corps des interprètes donnent vie à une transe intemporelle où chant, poésie, danse et musique s’unissent pour célébrer le temps présent.

 

© Photos prises sur le site http://www.massala.fr

Chronique précédente : présentation de Tempo de Santiago, conte pour enfants.

 

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