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Dominique Lin

Dominique Lin

Écrivain - chroniqueur - Ateliers d'écriture


Narrateur témoin (Vendredi 7 décembre 2012)

Publié par Dominique Lin sur 8 Janvier 2013, 09:11am

Catégories : #atelier d'écriture

La place du narrateur implique une vision de l'histoire. Le narrateur omniprésent est celui qui voit tout, assiste à toutes les scènes. Il existe un narrateur immobile qui ne peut exprimer que ce qui se passe autour de lui. L'auteur peut parfois utiliser un objet ou un élément de la nature pour narrer l'histoire. C'est ce que nous allons choisir aujourd'hui.

1) Temps de réflexion

Dans la maison ou dans le jardin, un objet ou un arbre ont été des témoins de scènes de vie. Elles peuvent se dérouler sur une journée comme sur une vie. La photo sur la cheminée, la cafetière ancienne, l'horloge dans le salon, un miroir, un portrait de famille, un lit, le doudou ou le nounours, le sapin planté par le grand-père dans le jardin, le portail, la porte de la maison ou le paillasson… ont bien des choses à dire.

Assis depuis des millénaires, je suis voué à voir et écouter sans rien dire, et toujours avec le sourire.

Mais, en quelque sorte, ne suis-je pas là pour ça ?

Bon, je n’ai pas trop à me plaindre dans ce pays froid, j’ai une place au chaud et à moi ; la déco n’est pas mal non plus, ça me rappelle le pays.

Ah, Ça y est ! Voilà les jumeaux qui passent en criant. Quel sursaut, à chaque fois que je m’assoupis, il y en a toujours un sur les deux pour me rappeler à l’ordre, et encore, quand ils ne me tripotent pas les oreilles !

Quelle ambiance, vivement qu’ils aillent à l’école !

Et celle-ci, qui tous les soirs me plante un bâtonnet d’encens sous le nez. Ce serait sympa un p’tit peu plus loin la fumée, j’aimerais lui dire ; ça me chatouillerait moins les narines !

Eh oui, tu m’en demandes souvent des choses, hein ! Mais bon, tu n’es pas égoïste, ce n’est jamais pour toi et en plus j’ai une bougie, des bâtonnets et des offrandes à chaque fois, et puis, ta main est si douce lorsque tu caresses mon visage, hum…

Et lui là, même pas un regard pour moi, comme si je n’existais pas. Pourtant, la plupart des bougies qui sont devant moi lui sont destinées indirectement. Quel ingrat, il pourrait avoir un peu de reconnaissance.

Ha… il est loin le jour où ils sont venus me chercher!

Ces deux-là se tenaient la main amoureusement, lui n’avait d’yeux que pour elle et elle n’en avait que pour moi… Lorsqu’ils se sont plantés devant moi et que j’ai vu ses yeux briller, j’ai su que ce serait grâce à elle que je voyagerais.

En arrivant, ils m’ont installé dans un coin calme sous une orchidée et je pouvais ainsi continuer ma vie à méditer et à les observer se serrer, s’embrasser et s’aimer. Quelle paix !

Ils n’étaient que deux quand ils sont venus me déraciner ; j’étais le seul, l’unique vers qui ils venaient pour être apaisé, et voilà qu’ils sont revenus tous les quatre d’un voyage en Inde et ont installé quelqu’un d’autre en face de moi. Ils étaient bien intentionnés, ils ont dit : – Comme ça, il ne s’ennuiera pas.

Mais, comment voulez vous qu’un Bouddha rivalise avec une femme à plusieurs bras !

Roze

 

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Quelle idée !
Où m’emporte-t-il aujourd’hui ?

Moi qui me faisais un plaisir de rester à ma place habituelle, celle devant la cheminée. Certes, cela fait un bon moment qu’ils ne l’éclairent plus, car les beaux jours sont arrivés.
En quelque sorte, moi aussi, je suis un peu en vacances. Depuis quelque temps, ils ne viennent plus poser leurs fessiers sur mes coussins moelleux. Trop chaud, qu’ils disent ! Ils préfèrent aller siroter le pastis sur la terrasse à l’ombre du tilleul.

Mais, qu’est-ce qui lui prend ? Je n’ai pas demandé à prendre l’air, j’étais bien à l’intérieur. Le voilà qu’il me dépose en plein milieu du chemin maintenant. J’espère que ces élucubrations ne vont pas s’éterniser.
Mais, qu’est-ce qu’il attend ?

Mais oui ! Allez vas-y, tu peux t’asseoir maintenant.
Non ! Tu veux rester debout. Eh bien, tant pis pour toi !
Si seulement, ils m’avaient mis au courant de leur projet. Au moins, je patienterais. Tandis que là, je sens que je vais m’énerver.
Pourquoi m’a-t-il foutu dans ce chemin ?
Qu’est-ce qu’il croit, je ne vais pas jouer le rôle du chien de garde. Tiens, quand on parle du loup. Le voilà, le chien de la maison. Ah, non ! Il ne va pas s’installer sur l’un de mes coussins. Il est gonflé celui-là ! Je déteste son odeur. Je préfère celle d’Élodie. Elle porte un parfum si délicat et puis elle est toute légère Élodie et si je peux me permettre elle a de jolies fesses, Élodie. Ce n’est pas comme ce pouilleux de chien, qu’est-ce qu’il put. Je sens que je vais me mettre en colère. Son maître ne peut pas le faire partir.
Moi, qui ai toujours été respecté, brossé et accessoirisé. Il y a quelques mois, ils m’avaient même acheté un boutis, assorti à mon teint. J’étais bien moi, devant la cheminée. Je trônai au centre du salon. J’étais le roi !
Mais qu’est-ce qu’il peut bien attendre ? Ah, enfin ! Ce n’est pas trop tôt, il l’a fait déguerpir, ce sale cabot.

Tiens ! Un camion arrive, et en marche arrière, en plus.
Qui c’est le grand costaud ? Mais, il n’est pas tout seul ! Ah, oui ! C’est son fils ! Il a vraiment les mêmes gènes que son père. Et voilà la maman. Décidément, ils mangent bien dans cette famille.
Eh ! Mais ils ne vont pas s’asseoir tous les trois sur moi. Et si ma foi ! Ils ont osé. Je ne les aime pas ces gens-là, ils sont vraiment sans gêne.
Ah ! Les voilà qu’ils font des éloges. Mais oui bien sûr, je suis très confortable.
Mais, eh stop ! Oh, non ! Ils ne vont pas m’enfermer dans ce camion, maintenant.
J’étais si bien moi, devant la cheminée.

Sigrid

Narrateur témoin (Vendredi 7 décembre 2012)
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