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Dominique Lin

Dominique Lin

Écrivain - chroniqueur - Ateliers d'écriture


La maison de Petichet, d'Évelyne Dress, éd. Glyhe

Publié par Dominique Lin sur 4 Octobre 2018, 18:54pm

Catégories : #Chroniques livres

Une maison, c’est une histoire qui se prolonge et grandit au fil des générations. Celle de La Maison de Petichet commence pendant la Deuxième Guerre mondiale, quand la famille d'Évelyne Dress, d’origine hongroise, y avait trouvé refuge.

Tous les ans, la famille vient passer des vacances à Petichet, au sud de Grenoble, en pleine campagne.

Alma a dix ans, un âge où certaines hormones bousculent les pensées, surtout quand Jacques, le fils du voisin médecin, du haut de ses dix-sept ans fait chavirer ses rêves. Tout est prétexte pour le croiser, par hasard, sur le sentier, ici où là, pourvu qu’il la remarque, en vain !

Les étés se suivent et se ressemblent, jusqu’au jour où Jacques finit par s’intéresser à Alma, et même d’avoir un début de relation avec elle, furtive, mais marquante, elle n’a que quatorze ans. Alma croit que c’est enfin arrivé, que c’est le grand amour commencé quatre ans plus tôt. Sauf que Jacques lui annonce qu’il va épouser sa sœur Julia, son aînée, plus sage, plus lisse, avec qui le lien fraternel va être rompu durement.

Le temps passe encore et un été, c’est le mariage, Alma, pour rendre Jacques jaloux, tombe dans les bras de Pierre, un homme qu’elle n’aimera jamais comme celui qui la hante depuis toujours.

Mais Jacques a goûté à Alma, et dès qu’il le peut, il revient vers elle en cachette pour la prendre, et chaque fois, Alma ne résiste pas. Il a des enfants avec Julia, vit en couple d’une façon classique, et trouve auprès de la cadette le moyen d’assumer ses fantasmes. Cette relation secrète frôle souvent la perversité de la part des deux amants.

Cette histoire, c’est aussi l’histoire d’un clan, celui de Pétichet, des relations humaines, avec la grand-mère, entre les couples, les générations, les voisins, les strates de la société. Les parents de Jacques sont des notables qui ont du mal à accepter leur belle famille plus populaire.

C’est aussi l’histoire de cette maison, avec son évolution au fil du temps, ses aménagements, agrandissements, changements d’utilisation.

La Maison Petichet, c’est aussi un regard sur le désir d’abord enfantin d’Alma, puis charnel, immédiat, presque brutal de Jacques, le manipulateur. C’est l’histoire d’un rêve brisé qu’Alma, en se laissant prendre par son amant, tente de recoller, en se laissant bercer par l’illusion d’un amour impossible quitte à se détruire et emporter les autres avec elle.

Évelyne Dress nous brosse ici une palette d’amours, celui entre les deux sœurs, de la grand-mère envers ses petites filles, avec toujours une préférence pour la plus délurée, l’amour des couples plus ou moins jeunes proche de la famille. La complexité de préserver l’amour d’une sœur malgré la trahison, ou ce qui y ressemble aux yeux d’Alma, car Julia ne savait pas.

Autour de ce trio, les autres personnages sont aussi bien campés, chacun avec son histoire, plus ou moins belle, qui évolue plus ou moins bien, c’est aussi ce qui donne du corps à ce roman.

Un peu de nostalgie d’un temps de l’enfance toujours présent dans l’écriture de l’auteure qui donne au roman un sentiment un peu désuet, mais ne le sommes-nous pas tous un petit peu lorsqu’on revient à cette époque, qui s’éloigne, chaque jour un peu plus recouverte par un mode de vie aux antipodes de La Maison de Pétichet

Rendez-vous au Salon de Colmars-les-Alpes les 27 et 28 octobre où j'aurai le plaisir d'animer une table ronde intitulée "L’eau à la bouche, désir et gourmandise…" entre prose et poésie pour nous donner envie de lire
Évelyne Dress, La maison de Petichet
Myriam Saligari, La Pomme d’Ève
Monique Luchini, Je vois

 

Résumé de l’éditeur :

C’est l’amour qui l’a faite. La passion l’a défaite.

« Sorcière » à ses heures, manipulatrice à tout instant, Lolita à jamais, Léa traverse l’enfance avec la gravité d’une grande personne, l’adolescence avec la perversité naturelle des enfants, et se perd dans l’âge adulte en découvrant que son cynisme lui a caché la réalité de la vie.

Avec une indifférence scandaleuse aux yeux des autres, elle tisse sa toile autour de Jacques son amant, de Pierre son mari, de Julia sa sœur mariée à Jacques… sous l’œil complice de sa grand-mère. Elle va mettre vingt ans à détruire l’existence de ceux qui l’entourent et à ruiner sa propre vie.

Après Pas d’amour sans amour, son premier roman, Évelyne Dress, comédienne (Et la tendresse ? …. Bordel !), réalisatrice (Pas d’amour sans amour), confirme avec La maison de Petitchet son talent d’écrivain.

 

Chronique précédente : Un océan, deux mers, trois continents, de Wilfreid N’Sondé, Actes Sud

 

 

La maison de Petichet, d'Évelyne Dress, éd. Glyhe
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