Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Dominique Lin

Dominique Lin

Écrivain - chroniqueur - Ateliers d'écriture


Chronique, Dévorer le ciel, Paolo Giordano, éd. Le Seuil

Publié par Dominique Lin sur 11 Janvier 2020, 18:08pm

Catégories : #Chroniques livres

Dévorer le ciel, de Paolo Giordano, c’est l’histoire d’une terre, pauvre, Speziale, au sud de l’Italie, et des hommes qui la font vivre, chaque génération après l’autre, chacune avec ses convictions, sa culture et son éducation.

C’est l’histoire d’une utopie d’un homme qui ira jusqu’au bout de ses convictions.

C’est l’histoire d’une fratrie (Bern, Nicola et Tommaso) et d’amis d’enfance, dont Teresa, des destinées meurtries par les événements, qui se prolongent et qui divergent, l’histoire de parents qui aiment, s’éloignent puis pardonnent.

C’est l’histoire d’un amour compliqué par les chemins empruntés par chacun, selon les inspirations.

C’est aussi l’histoire d’hommes pétris de religion, tel Césare et ses (trop nombreuses) citations bibliques, avec le risque pour certains de se prendre pour des gourous, de Dieu ou de l’écologie…

C’est aussi l’histoire des rêves de plusieurs personnages, différents par leur forme, mais identiques dans le courage nécessaire pour les réaliser.

 

Raconter par le menu une histoire qui court sur plusieurs décennies est inutile. Tout dire est impossible, et ne donner que quelques bribes semble vain.
Teresa, la narratrice, est alternativement actrice centrale et témoin de cette aventure dans laquelle l’auteur propose un retour à la terre dans le respect des pratiques douces de l’agriculture et nous confronte aux intérêts financiers d’hommes influents prêts à la détruire pour s’enrichir illégalement.
 

Dévorer le ciel est long, très long. Le début, assez lent, nous renvoie à ces amitiés d’enfance, à la magie et la nostalgie des vacances d’été en toute liberté où tout est permis, même le rêve d’un bel avenir.
Les enfants grandissent et le combat commence, les choix s'imposent à certains… Là encore, c'est long, avec des détours et des retours. Les dialogues omniprésents auraient pu être raccourcis pour éviter de diluer l’action. Sur 465 pages… un quart aurait pu être évité. Mais, trop tard, il s’agit là d’une traduction, et non du travail qu’un éditeur peut faire avec son auteur
La fin, aussi surprenante soit elle est plus vive, un peu haletante, mais tourne quand même au pathos.

J’ai trouvé très cohérente la trajectoire de chaque personnage, et cela peut nous permettre de nous questionner sur celle que nous avons empruntée.
Par les différents regards sur l’écologie, la sauvegarde de la planète, de la plus conventionnelle à la plus extrémiste, Paolo Giordano gagne le pari de nous interpeller en évitant (presque tout le temps) les clichés grâce à la force des sentiments très humains des personnages, leurs réactions face au destin, les épreuves, et les leçons que chacun en tire.

 

Résumé de l’éditeur :
Dix ans après La Solitude des nombres premiers, un adieu à la jeunesse, un bouleversant roman d’amour et d’amitié.
Chaque été, Teresa passe ses vacances chez sa grand-mère, dans les Pouilles. Une nuit, elle voit par la fenêtre de sa chambre trois garçons se baigner nus dans la piscine de la villa. Ils s’appellent Nicola, Bern et Tommaso, ce sont « ceux de la ferme » d’à côté, jeunes, purs et vibrants de désirs.
Teresa l’ignore encore, mais cette rencontre va faire basculer sa vie en l’unissant à ces trois « frères » pour les vingt années à venir, entre amours et rivalités, aspirations et désillusions. Fascinée par Bern, personnage emblématique tourmenté et viscéralement attaché à la terre somptueuse où il a grandi, elle n’hésitera pas, malgré l’opposition de sa famille, à épouser ses idéaux au sein d’une communauté fondée sur le respect de la nature et le refus du monde matérialiste, à l’image de la génération des années quatre-vingt-dix, tiraillée entre le besoin de transgression et la soif d’appartenance, mais entièrement tendue vers l’avenir, avide de tout, y compris du ciel.


Traduit de l’italien par Nathalie Bauer
éd. Le Seuil
145 x 220 mm - 464 pages - 9782021220759 - 22.5 €

 

Chronique précédente : La belle amour humaine, Lyonel Trouillot, éd. Actes Sud

 

Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents