Camille souffre d’insomnies récurrentes depuis des mois et commence à décliner moralement et physiquement. Elle s’isole du monde et coupe tout lien social et professionnel.
Elle réagit, car le retour du sommeil, et donc de sa santé mentale, lui permettrait de revoir sa nièce Jeanne avec qui elle entretient une relation fusionnelle. Mais sa belle-sœur lui a interdit tout contact suite à une situation fâcheuse remettant en cause la fiabilité de Mathilde pour avoir mis Jeanne en danger. Les tentatives de thérapies ont toutes échoué, il ne reste plus que l’option Gabriel, spécialiste du sommeil aux méthodes non conformistes, mais efficaces. Sa machine à lire dans les rêves est une utopie bien menée.
Voilà pour le décor extérieur. Reste la vision intérieure de la vie de Camille, nuits sans sommeil et journées compliquées. La relation avec Gabriel est intense, car il représente sa dernière chance, mais le succès n’est pas au rendez-vous et la tension monte d’un cran à chaque fois qu’ils tentent une expérience.
Ce livre est un cauchemar éveillé. Camille arrive-t-elle à dormir ne serait-ce que quelques minutes par nuit, difficile à savoir tant les sensations qu’elle éprouve sont floues entre rêve, éveil et hallucinations.
Nous sommes dans la tête de Camille, et ce n’est pas du tout confortable. Nous sommes dans son insomnie permanente, à bout de nerfs.
La lecture de ce roman est complexe, car elle nous entraîne dans des méandres de la psychose du personnage, déchirée entre son impuissance à voir le bout du tunnel et l’envie de revoir sa nièce.
Les scènes de thérapie avec Gabriel alternent entre bienveillance et suspicion.
Nous vivons entre microsommeils, peurs, angoisses, espoir, paranoïa, le tout sur fond de conflit avec la mère de Mathilde obsédée, excessive et déséquilibrée.
Ce roman est difficile à lire, à la limite de ne pas le terminer, même si on a envie de connaître le dénouement. Difficile à plusieurs égards, l’enfer intérieur de Mathilde, la lenteur du départ qui ressemble à une spirale dépressive qui risque de nous entraîner vers un fond noir et tourmenté. Certes, l’auteure évite les clichés de l’interprétation des rêves, mais il est aussi difficile de s’identifier à Mathilde, ou, pour le moins, éprouver la moindre empathie ; il y a même une forme de rejet pour ce qu’elle dégage.
Heureusement, un peu de lumière apparaît dans ce roman dans les dialogues et le lien entre les deux sœurs.
Je déconseille aux âmes sensibles de le lire le soir avant de s’endormir, au risque d’avoir un sommeil agité.
Je ne serai pas aussi dithyrambique que la critique en général. Sans tomber dans le genre feel good, qui manque souvent de style, un peu de légèreté dans la lecture est aussi un moyen d’échapper à cette période anxiogène à bien des égards.
Le style et le rythme de l’écriture correspondent parfaitement au fond du roman. L’auteur a de la plume et du souffle, même si parfois son texte nous le coupe.
Chronique précédente : Au pays d'Alice, conte de Myriam Saligari, chez Elan Sud
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